Retour sur le colloque les mères dans la Shoah – Replay disponible

Les mères dans la Shoah : trauma des mères victimes de génocide et de violence politique Dimanche 15 octobre à la Maison d’Izieu

Extrait du témoignage, au procès de K. Barbie en 1987
Ita-Rose Halaunbrenner
« Qu’est-ce qu’il y a de plus cher pour une mère que ses enfants ? Dans la vie il n’y a pas plus cher. Ce qu’il m’a fait, c’est une douleur qui me restera pour toute ma vie ! »

Comment définir la perte d’un enfant dans un contexte génocidaire ou de violence politique ? Qu’ont vécu les mères juives pendant la Shoah ? Qui sont ces femmes qui ont survécu à la mort de leur(s) enfant(s) ?

Dimanche 15 octobre 2023 à Izieu, plus d’une centaine de personnes ont assisté au colloque sur les mères dans la Shoah : trauma des mères victimes de génocide et de violence politique.

Laurence Collet-Roth, psychothérapeute comportementaliste, et Simon Pintel, psychologue et psychanalyste étaient à l’initiative de ce premier colloque inédit sur cette thématique.

Les participants ont pu écouter le témoignage d’Alexandre Halaunbrenner frère de Mina et Claudine Halaunbrenner, enfants d’Izieu raflées le 6 avril 1944, à propos du combat de leur mère. Sont ensuite intervenues des expertes en psychologie telles que Nathalie Zajde, qui a parlé des conséquences psychologiques et inéluctables d’être mère pendant la Shoah, ou Catherine Grandsard et Elisabeth Malka qui ont échangé sur l’effet de la Shoah sur les relations entre mère et fille. Jacques Védrinne, Beate et Serge Klarsfeld complétaient la liste des intervenants et ont respectivement parlé du procès comme étape de réparation, des mères et survivantes dans la Shoah et des mères qui ont survécu à leurs enfants.

La spécificité de ce colloque résidait également en la présence de Maria Fernanda Gomez Garrido et Blanca Nubia Monroy, deux Colombiennes venues parler des « faux positifs », ces personnes disparues, retrouvées dans des fosses communes, injustement accusées d’être des guérilleros. Maria Fernanda est psychologue, elle a fait état de ces violences sociopolitiques en Colombie, et plus précisément du cas des jeunes de Soacha. Blanca est l’une des mères qui a perdu un enfant en 2008.

Merci à David Chabin pour la modération des débats et à Polestream pour la captation en direct.

Replay du colloque disponible

Avec la participation de :

David CHABIN
Professeur agrégé de philosophie en Classes Préparatoires Grandes Écoles, lycée Ampère, Lyon.

Laurence COLLET-ROTH
Psychothérapeute comportementaliste, membre du Conseil d’administration de l’association de la Maison d’Izieu.

Maria Fernanda GOMEZ GARRIDO
Psychologue, accompagnement psychosocial des victimes de violence sociopolitique, travail de recherche avec les victimes et les responsables dans le cadre de scénarios de justice transitionnelle, Bogota, Colombie.

Catherine GRANDSARD
Maître de conférences à l’Université Paris 8 et directrice-adjointe du Centre Georges-Devereux. Elle co-anime les groupes de parole d’anciens enfants cachés au Mémorial de la Shoah et est l’auteure de Juifs d’un côté, portraits de descendants de mariages entre juifs et chrétiens (Seuil, 2005).

Alexandre HALAUNBRENNER
Frère de Mina et Claudine HALAUNBRENNER, enfants d’Izieu raflées le 6 avril 1944.

Beate KLARSFELD
Militante, FFDJF.

Serge KLARSFELD
Avocat et président de la FFDJF.
Serge et Beate Klarsfeld ont consacré toute leur vie à défendre la cause des déportés juifs de France. Ils ont permis l’arrestation du criminel nazi Klaus Barbie en 1983 en Bolivie. La même année, Serge Klarsfeld édite le premier ouvrage de référence sur l’histoire des enfants d’Izieu. En 2020, Serge et Beate Klarsfeld ont confié leurs archives à la Maison d’Izieu.

Élisabeth MALKA
Psychologue clinicienne, spécialisée en ethnopsychiatrie. Elle est responsable du service de visite à domicile de la cellule dédiée aux survivants de la Shoah et à leurs descendants du Centre Georges-Devereux.

Blanca Nubia MONROY
Mère de Julián Oviedo Monroy, un des jeunes de Soacha qui a disparu le 2 mars 2008. Six mois plus tard, son corps a été retrouvé à Ocaña (Norte de Santander), enterré dans une fosse commune. Blanca est membre de l’organisation Madres Falsos Positivos de Colombia – MAFAPO, comme on appelle les victimes d’exécutions extrajudiciaires commises et reconnues par l’armée dans le cadre du conflit armé en Colombie.

Thierry PHILIP
Président de la Maison d’Izieu.

Simon PINTEL
Psychologue et Psychanalyste, vice-président de l’association de la Maison d’Izieu.

Jacques VÉDRINNE
Professeur honoraire de médecine légale Lyon1, expert psychiatre de Klaus Barbie.

Dominique VIDAUD
Directeur de la maison d’Izieu, Agrégé d’Histoire.

Nathalie ZAJDE
Maître de conférences HDR en psychologie à l’Université de Paris 8. Elle dirige le service dédié aux familles de survivants de la Shoah du Centre Georges-Devereux. Mme Zajde a publié Enfants de survivants (1993), Guérir de la Shoah (2004), Les enfants cachés en France (2012), aux éditions Odile Jacob.

 

Merci à nos partenaires relais de communication :
Crif Auvergne-Rhône-Alpes, Consistoire de Lyon, Yad Vashem France, Akadem, Office de Tourisme Bugey sud, au réseau des Musées et Mémoriaux des Conflits Contemporains et des lieux de Mémoire de la Shoah, aux associations B’nai B’rith,  Wizo France, Keren Or, MAFAPO, Madres Falsos Positivos, Soacha, Colombia, Fils et Filles des Déportés Juifs de France (FFDJF).

Merci aux soutiens de l’association et du Fonds de dotation Sabine Zlatin :
Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Caisse d’épargne Rhône-Alpes, Compagnie nationale du Rhône, Fiducial, Imprimerie Gonnet, Humans Matter, Fondation Solidarités by Crédit-Agricole, Institut Mérieux, Rex Rotary, Vicat.

Retour en images

Rencontre et dédicace avec Jordan Mechner

 Jordan Mechner, programmeur et scénariste du célèbre jeu vidéo Prince of Persia, est venu présenter ce mercredi 22 novembre, son roman graphique Replay, mémoires d’une famille (éd. Delcourt), un récit sur 3 générations, qui retrace son histoire et celui de sa famille.

Présentation de son nouveau roman graphique « Replay » à la Maison d’Izieu

Après une visite de la maison qui l’a beaucoup touché, Jordan Mechner a présenté son roman graphique « Replay » devant une soixantaine de personnes. L’auditoire était composé d’élèves du Lycée de St Priest et de visiteurs venus spécialement pour l’occasion.

Au cours de cette conférence, celui-ci est revenu sur les différentes étapes qui l’ont mené à l’écriture de ce livre. Il est composé de trois couches biographiques qui s’alternent : son propre parcours, de la création de ses premiers jeux vidéo (notamment le célèbre Prince of Persia) à son départ pour Montpellier, l’histoire de son père fuyant l’Autriche pour échapper à la répression nazie, et celle de son grand-père contraint de s’exiler pendant la Première Guerre mondiale.

Jordan Mechner est également revenu sur le processus créatif de son roman graphique, comment celui-ci avait pensé les personnages, l’histoire, la couleur, et son parcours à travers la France, sur les traces de sa famille.

Pour finir, une séance de dédicaces est venue clôturer la présentation.

Site internet de Jordan Mechner

Retour en images

Hommage à Hélène Waysbord-Loing

 

Hélène Waysbord-Loing s’est éteinte ce dimanche 29 octobre 2023, au crépuscule de sa 86ème année.


Présidente de la Maison d’Izieu de 2004 à 2016, puis présidente honoraire, elle a considérablement œuvré pour le musée-mémorial. Elle a contribué à la fondation de celui-ci, elle a agi pour son extension, elle a été à l’initiative du Prix Maison d’Izieu à destination des plus jeunes. Son engagement dans le travail de mémoire n’a jamais failli.

Hommage de Thierry Philip, président de la Maison d’Izieu

« Hélène WAYSBORD-LOING fut la présidente de la Maison d’Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés, de 2004 à 2016.

Ce fut aussi la Conseillère du président Mitterrand qui, dès le début, a soutenu et fait le projet de ce Mémorial, l’un des 3 en France qui commémore la Shoah et les crimes de l’État français.

Hélène est toujours restée la petite fille qui, sur un quai de gare, doit enfouir dans son cœur un amour sans visage et pourtant construire une vie tournée vers les plus jeunes. D’abord professeure de lettres en Normandie, elle transmet aussi la culture puis la mémoire de la Shoah. La petite fille du cordonnier polonais réalise alors des films pédagogiques puis devient sur le tard une remarquable écrivaine, elle qui avait dirigé une collection sur le théâtre à Actes Sud avant de proposer en 2008 un rapport au ministre de l’Éducation (et qui a d’ailleurs fait autorité) pour parler de l’indicible. Ce qu’elle n’a cessé de faire, encore récemment avec le livre Alex ou le porte-drapeau. Hélène, c’était pour moi, un sourire, une référence, un roc, une femme honorable.

Madame WAYSBORD-LOING a fini son chemin mais elle restera à Izieu dans notre cœur et au cœur de notre action.

Merci Madame. »

Grand officier de la Légion d’Honneur

Hélène Waysbord-Loing fut faite grand officier de la légion d’honneur le 29 novembre 2019 par le Président de la République Emmanuel Macron.

Retranscription du discours du Président de la République Emmanuel Macron

« Professeure, pédagogue, conseillère politique, écrivain, vous avez été un inlassable apôtre des Lettres et de la culture principalement auprès des plus jeunes dans les salles de classe normandes comme sous les dorures de l’Élysée où vous vous retrouvez ce soir. Le feu sacré que vous portez a illuminé le quotidien de centaines d’élèves, fait surgir des monuments, des mémoriaux, alimenté une œuvre littéraire pétrie de souvenirs et d’histoire. Vous avez aussi dédié votre vie au devoir de transmission, d’une flamme plus fuligineuse, plus douloureuse : celle de la mémoire de la Shoah…. »

[Voir le discours dans son intégralité]

Hommage des anciens enfants de la colonie

« Elle a consacré 30 ans de sa vie aux enfants de la Maison d’Izieu.

Je l’ai rencontrée pour la première fois en 1993, (elle était en poste à la bibliothèque de France), lors de la présentation du livre de madame Sabine Zlatin, mémoires de « la Dame d’Izieu », puis au domicile de cette dernière qui nous demandait de remettre un exemplaire dédicacé à monsieur Jacques Chirac au cours d’une commémoration au mémorial de la Shoah qu’il présidait.

Nous avons ensuite œuvré en commun au sein du conseil d’administration de l’association, dont elle fut la présidente dès 2004.

Elle était une « enfant cachée », confiée par ses parents en 1943 à la famille Marcel et Marie Médée d’Evron en Mayenne, avant qu’ils ne soient arrêtés, déportés et exterminés à Auschwitz.

Reconnaissante, elle entreprit les démarches auprès de Yad Vashem pour que le titre de « Justes parmi les Nations » soit décerné à cette famille. Ce fut chose faite lors d’une cérémonie au mémorial de Caen.

Les anciens enfants passés par la colonie d’Izieu étaient à ses côtés.

En 2008 elle anima un groupe de réflexion pour aboutir à la publication d’une brochure permettant au ministère de l’Éducation Nationale de mettre au point des orientations adaptées à l’enseignement de la Shoah.

En 2014 elle publia, entre autre, un ouvrage « Alex ou le porte-drapeau » dédié à Alexandre Halaunbrenner dont la famille fut martyrisée, son père fusillé à Lyon, son frère mort en déportation, et ses deux petites sœurs raflées à Izieu le 6 avril 1944 et exterminées à Auschwitz-Birkenau.

Les « anciens » étaient toujours près d’elle lorsqu’elle reçut la distinction de Commandeur de l’ordre National du mérite et fut élevée à la dignité de Grande officière de la Légion d’Honneur par le président Emmanuel Macron ; présents également pour la projection en avant première du film de Romain Icard « Izieu, des enfants dans la Shoah » présenté à l’auditorium de l’Assemblée Nationale.

Ayant œuvré sans relâche, sa santé déclinant, elle céda sa fonction à l’actuel président Thierry Philip, tout en continuant en tant que présidente honoraire à participer aux activités de la Maison d’Izieu.

Chère Hélène, nous ne te disons pas adieu, tu seras toujours avec nous. »

Les anciens enfants passés par la colonie

Alfred et Edmond Adler, Yvette Benguigui, Diane Fenster, Alexandre Halaunbrenner, Samuel Pintel, Adolphe, Bernard et Hélène Waysenson, Roger Wolman