Hommage à Sabine Zlatin, 25 ans après sa mort

25 ans après sa mort, hommage à Sabine Zlatin (1907-1996)

Sabine Zlatin est née Chwatz le 13 janvier 1907 à Varsovie en Pologne et morte le 21 septembre 1996 à Paris. Aujourd’hui, 25 ans après sa mort, la Maison d’Izieu lui rend hommage.

 

Portrait de Sabine Zlatin

Sabine Zlatin, inauguration du Musée mémorial des enfants d’Izieu le 24 avril 1994 © Maison d’Izieu-Collection S.Pintel

Née Chwast, le 13 janvier 1907, à Varsovie (Pologne), Sabine Zlatin est la dernière de douze enfants. Le père est architecte. Ne supportant plus à la fois un milieu familial étouffant et l’antisémitisme, elle décide au milieu des années 1920 de quitter son pays natal. Elle gagne successivement Dantzig, Köenigsberg, Berlin, Bruxelles et arrive en France, à Nancy, vers 1925. Elle entreprend alors des études en histoire de l’art. Elle fait la connaissance d’un jeune étudiant juif de Russie, Miron Zlatin. Né à Orcha en 1904, issu d’une famille aisée, celui-ci prépare, à l’université de Nancy, un diplôme d’études supérieures agronomiques. Le 8 octobre 1928, ils se marient à Varsovie.

En 1929, Miron et Sabine Zlatin acquièrent une ferme avicole à Landas dans le nord de la France. Après quelques difficultés, l’exploitation se révèle un succès. Ils sont naturalisés français le 26 juillet 1939.

En septembre 1939, la guerre éclate. Sabine Zlatin décide de suivre à Lille des cours de formation d’infirmière militaire à la Croix-Rouge. En mai 1940, devant l’avancée des troupes allemandes, le couple se réfugie à Montpellier. Sabine Zlatin y exerce comme infirmière de la Croix-Rouge à l’hôpital militaire de Lauwe. Congédiée à cause des lois antisémites, elle s’engage alors auprès de l’Œuvre de Secours aux Enfants (OSE). La suite de leur parcours les conduit dans l’Ain, à Izieu.

à Izieu
À cette époque, le village d’Izieu est situé en zone d’occupation italienne. Le 11 novembre 1942, en réaction au débarquement des Alliés en Afrique du Nord, l’armée allemande envahit la zone non occupée et la Tunisie. Les Italiens quant à eux, occupent les huit départements situés sur la rive gauche du Rhône, de la Haute-Savoie à la Corse. Dans cette zone, les autorités italiennes appliquent une politique de bienveillance à l’égard des Juifs. Elle devient alors un espace refuge pour nombre d’entre eux.
À la demande du préfet de l’Hérault, investi dans le sauvetage des enfants juifs, Sabine et Miron Zlatin partent au printemps 1943 avec quelques enfants vers la partie de l’Ain sous occupation italienne. Ils sont recommandés à Pierre-Marcel Wiltzer, sous-préfet de Belley. Grâce à son aide, ils s’installent dans une grande maison au hameau de Lélinaz.L’installation de la colonie se fait légalement, avec l’appui de la sous-préfecture de Belley. La colonie n’est pas cachée ou clandestine. Peu à peu le quotidien s’organise et les membres de la colonie trouvent leur place dans cet environnement rural. Des liens se tissent avec les habitants et les institutions locales.

Sabine Zlatin n’est pas présente le jour de la rafle. Elle se charge des contacts avec l’extérieur. Elle effectue les trajets entre Izieu et Montpellier, où elle poursuit ses activités d’assistante sociale et d’aide à plusieurs familles. Dès qu’elle en apprend la nouvelle, elle tente de sauver les enfants. Elle se rend à Vichy puis à Paris, où elle contacte la Croix-Rouge. En vain. Quelques semaines après la rafle du 6 avril 1944, Sabine Zlatin revient à Izieu et découvre la maison mise à sac. Elle sauvegarde des lettres et dessins des enfants, ainsi que d’autres documents, qui constituent aujourd’hui les archives de la colonie. C’est un premier acte de mémoire et d’histoire.
Elle rejoint ensuite la Résistance à Paris. Elle porte le nom de Jeanne Verdavoire et agit auprès du service social du Mouvement de libération nationale.
À la Libération, elle est nommée hôtelière-chef du Centre Lutétia, où s’organisent le retour et l’accueil des déportés. En juillet 1945, Sabine Zlatin y apprend que son mari et les enfants de la colonie d’Izieu ne reviendront pas de déportation.
Après la fermeture du Centre Lutétia, en septembre 1945, elle s’installe définitivement à Paris. Elle reprend son activité de peintre, signant ses toiles du nom de Yanka, et exerce parallèlement le métier de libraire spécialisée dans les arts du spectacle.
Dès 1945, elle porte la mémoire de la rafle d’Izieu. En juillet 1945, elle écrit au préfet de l’Ain pour demander l’autorisation d’apposer une plaque sur la maison en souvenir des enfants. Le 7 avril 1946, une importante cérémonie est organisée avec le soutien des populations et des autorités locales. Plus de 3000 personnes se réunissent pour l’occasion ; un hommage solennel est rendu aux victimes de la rafle. Un monument est érigé à Brégnier-Cordon, village voisin d’Izieu. Une plaque, sur laquelle sont gravés les noms des enfants et des adultes arrêtés, est apposée sur la maison qui accueillit la colonie.
Cette première cérémonie inscrit le souvenir de la rafle dans les lieux, mais aussi dans le temps. Dès lors, autour de Sabine Zlatin, de Léon Reifman et de plusieurs membres des familles des enfants d’Izieu, les populations et autorités locales commémorent régulièrement la rafle du 6 avril 1944.

Témoin au Procès K. Barbie

© Maison d’Izieu / BnF,Coll. succession Sabine Zlatin

Elle témoigne au procès Barbie à Lyon en 1987. Lors de l’instruction Serge Klarsfeld retrouve le télex de Barbie rendant compte de la déportation des quarante-quatre enfants. Cette pièce décisive a été retrouvée parmi les archives du Centre de Documentation juive contemporaine, elle constitue l’une des principales preuves qui permettront de prononcer sa condamnation pour crime contre l’humanité. Au cours des sept semaines et demie que dure le procès, trois audiences, entre le 27 mai et le 2 juin 1987, sont consacrées à la rafle d’Izieu.

« Je veux dire surtout à la défense de Barbie que Barbie a toujours dit qu’il s’occupait uniquement des résistants et des maquisards. Ça veut dire des ennemis de l’armée allemande. Je demande : “Les enfants, les 44 enfants, c’était quoi ? C’était des résistants ? C’était des maquisards ? Qu’est-ce qu’ils étaient ? C’était des innocents !” »
Extrait du témoignage de Sabine Zlatin au Procès de K. Barbie

Avec d’autres liés à l’histoire de la Colonie d’Izieu, elle fonde, à l’issue de ce procès, l’association du « Musée-Mémorial d’Izieu », à l’origine de la création du mémorial en 1994. Elle meurt en 1996 à Paris.

 

 

 

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