Regards interdisciplinaires sur les crimes de masse
Cycle 2025-2026 – Témoins, témoignages, témoigner

en partenariat avec le LADEC de l’Université Lyon 2

Dans un monde marqué par les crises, les conflits, le révisionnisme historique, le négationnisme, la damnatio memoriae et les appels à la justice morale, la figure du témoin se révèle centrale.

Cette année, la Maison d’Izieu et le LADEC de l’Université Lyon 2 proposent un espace de dialogue interdisciplinaire et intergénérationnel pour mieux saisir l’importance de témoigner et de recevoir les témoignages.

La séance conclusive du 26 septembre fait le lien entre les deux cycles en abordant la thématique de « L’enfance face à l’histoire : mémoire, témoignage et reconnaissance ». Préambule aux propos qui seront tenus lors des trois journées de conférence de 2025-2026, elle invite à questionner la place et le rôle de l’enfant-témoin dans le processus mémoriel.

 

 

 Prochaine séance : 11 décembre 2025

 

>> Chaque séance de ce séminaire est filmée et proposée en replay ci-dessous.<<

Cycle 2025-2026

Témoins, témoignages, témoigner

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1. Qu’est-ce qu’un témoin ? Une figure plurielle, située et évolutive

Le témoin n’est jamais une entité neutre : il est situé dans une temporalité, une société, une mémoire. Historiens, anthropologues et philosophes s’accordent à dire que le témoin est à la fois porteur d’une subjectivité et d’un rapport au réel, qu’il soit le sien ou celui de tiers.

Loin d’être seulement « celui qui a vu », comment devient-il un acteur de l’histoire, un relais de mémoire, parfois aussi un médiateur ou une victime ? Qui porte le témoignage après la disparition du témoin ? Comment distinguer le témoin de son délégué ? Comment ceux qui prennent le relais redéfinissent-ils l’héritage et l’acte de témoigner ?

  • Pour l’historien, le témoin est une source, mais aussi un problème méthodologique.
  • Pour l’anthropologue, il est porteur de représentations culturelles et sociales.
  • Pour le journaliste, il est une voix directe du terrain, mais aussi un enjeu d’éthique et de véracité.
  • Pour le juge, il est à la fois un élément de preuve et un humain faillible.

2. Le rôle du témoignage dans la construction de la mémoire collective

Dans les contextes post-traumatiques, le témoignage est un outil de transmission et de reconnaissance. Il participe à l’élaboration des mémoires collectives, parfois antagonistes. Les témoignages sont des objets d’archives, de recherches, des supports de commémoration et de contestation mais aussi des instruments de justice qu’elle soit symbolique, restaurative ou pénale.

3. Témoigner en justice : entre parole, preuve et reconnaissance

Dans le cadre judiciaire, le témoin est investi d’un rôle précis : dire ce qu’il a vu ou vécu pour établir des faits. Mais qu’en est-il lorsque les faits sont anciens ? Quand les souvenirs sont flous ou chargés d’affects ou quand le dire n’amène pas de délibérations ? Le témoignage devient alors à la fois une arme de vérité et un champ de tension entre mémoire et preuve et un rendre justice.

  • Tribunaux pour crimes de guerre, cours d’assises, commissions vérité et réconciliation, processus de justice transitionnelle.

4. Le témoignage à l’ère numérique : immédiateté, visibilité, responsabilité

Les réseaux sociaux et les nouveaux médias ont bouleversé les manières de témoigner. N’importe qui peut être témoin, capter et diffuser une image, un cri, une injustice. Mais cela pose de nouvelles questions : authenticité ? manipulation ? surmédiatisation ? embargo ? rôle du témoignage dans l’activisme et la justice sociale ?

Cycle 2024-2025

La place de l’enfance dans la guerre | Subjectivité et expérience armée

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La Maison d’Izieu et le Laboratoire d’anthropologie des enjeux contemporains, ou LADEC, se réunissent pour proposer un séminaire de recherche pluridisciplinaires sur plusieurs années.

Dans son roman autobiographique publié en 1994, André Frossard déclarait que « Dans les guerres, ce ne sont peut-être pas les enfants que l’on vise, mais c’est eux que l’on tue. » Partant de cette citation, la première année (2024-2025) sera plus particulièrement consacrée à l’enfance et explorera principalement les perceptions que notre époque propose des massacres présents et passés (crimes de guerre, crimes contre l’humanité, génocides…).

Durant six séances, les intervenants entendent apporter un éclairage par leur expertise dans différentes disciplines afin de fournir des éléments de réponse à ces questionnements : Dans quelles mesures l’expérience de la guerre transforme-t-elle l’expérience de l’enfance? Quelle place occupe l’enfance dans la guerre? Comment en rendre compte d’un point de vue historique, mais aussi anthropologique, juridique, médiatique ou encore mémoriel? Car comment articuler le devoir de mémoire et le droit à l’oubli des enfants qui, pris dans la guerre, sont toujours victimes, tout en pouvant être soldat?

Vendredi 26 septembre 2025 • L’enfance face à l’histoire : mémoire, témoignage et reconnaissance

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Intervenants 

  • Roger Wolman, ancien d’enfant d’Izieu
  • Catherine Lutard, sociologue (HDR) -SciencesPo St Germain-Institut Catholique de Paris, spécialiste des tribunaux nationaux en charge des procès relatifs aux guerres des années 1990 en ex-Yougoslavie.

Avec la participation de :

  • Dejan Dimitrijevic, professeur des universités en anthropologie
  • Tiphaine Duriez, maîtresse de conférence à l’Université Lyon II/LADEC
  • Alexandre Nugues Bourchat, directeur de la Maison d’Izieu

 

Webinaire

Vendredi 18 avril 2025 • Le cas des pouplations serbes du Kosovo

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Intervenants

  • Dejan Dimitrijevic, professeur des universités en anthropologie

accompagné de

  • Laurie Braisaz, chargée de recherches et d’éducation à la Maison d’Izieu.

 

Webinaire

 

Bibliographie

Curiel, R., and Cooperman, B. D. 1990. The Ghetto of Venice. London, UK: Clare Books.

Dimitrijevic, Dejan, « Le Kosovo(-Métochie) et la question de la souveraineté nationale et internationale » (2022) ;
– « Peuple minoritaire : sortir de la logique de la domination. Expérience yougoslave et actualité du Kosovo » (2021a) ;
– « [Le Kosovo, modèle contemporain d’Etat à souveraineté limitée]  » (2021b). 

Human Rights Watch (avec la contribution de William M. Arkin et Bogdan Ivanisevic)Civilian Deaths in the NATO Air Campaign, Février 2000 : https://www.hrw.org/reports/2000/nato/

Human Rights Watch (HRW), Kosovo: Poisoned by Lead – A Health and Human Rights Crisis in Mitrovica’s Roma Camps, 23 juin 2009 : https://www.hrw.org/report/2009/06/23/kosovo-poisoned-lead/health-and-human-rights-crisis-mitrovicas-roma-camps

Human Rights Advisory Panel (ONU, 2016), Lead Contamination in Kosovo (confirme les violations systémiques des droits humains par la MINUK (mission de l’ONU au Kosovo) et recommande des compensations individuelles). Texte accessible via OHCHR : https://www.ohchr.org/en/special-procedures/sr-toxics-and-human-rights/lead-contamination-kosovo

International Human Rights Clinic (IHRC – Harvard Law School) et l’ONG ‘Opre Roma Kosovo’, Toxic Injustice: Translating UN Responsibility into Remedies for Lead-Poisoned Roma, 9 novembre 2022 : https://humanrightsclinic.law.harvard.edu/united-nations-thwarted-justice-for-lead-poisoned-kosovo-roma-report-finds/

Vendredi 21 mars 2025 • « Vladimir Poutine sera-t-il vraiment jugé pour les crimes commis sur les enfants Ukrainiens ? »

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Séance du Vendredi 21 mars 2025

Intervenante

  • Mathilde Philip, professeure de droit public à l’Université Lyon 3, autrice de « Peut-on juger Poutine ? » paru chez Albin Michel en 2023

 

Webinaire

 

Vendredi 21 février 2025 • Le cas du conflit armé interne colombien

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« De la disparition des déplacés à l’apparition des disparus : les victimes du conflit armé interne colombien entre dynamiques de guerre et processus de paix »

 

Intervenants

  • Tiphaine Duriez, maîtresse de conférence à l’Université Lyon II/LADEC,

accompagnée de

  • Laurie Braisaz, chargée de recherches et d’éducation à la Maison d’Izieu

 

Webinaire

 

Vendredi 31 janvier 2025 • « Les enfants de Jasenovac »

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« Les exterminations de l’État Indépendant Croate : un génocide en manque de reconnaissance. – Les enjeux d’une occultation »

Intervenants 

David Jakovljevic, passionné d’histoire et de vérité, président de l’Association Française pour la Reconnaissance et la Mémoire des Victimes de Jasenovac « Deca Jasenovca », qui signifie « les enfants de Jasenovac »

accompagné de

  • Tiphaine Duriez, maîtresse de conférence à l’Université Lyon II/LADEC,
  • Dejan Dimitrijevic, professeur des universités en anthropologie
  • Alexandre Nugues-Bourchat, directeur de la Maison d’Izieu.

 

Webinaire

 

Vendredi 22 novembre 2024 • Les crimes de masse en Birmanie et leurs conséquences sur les enfants

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Intervenants

  • François Robinne, anthropologue spécialiste de l’Asie

accompagné de

  • Tiphaine Duriez, maîtresse de conférence à l’Université Lyon II/LADEC
  • Dejan Dimitrijevic, professeur des universités en anthropologie
  • Laurie Braisaz, chargée de recherches et d’éducation à la Maison d’Izieu

 

Webinaire

Vendredi 25 octobre 2024 • Violences de masse et enjeux socio-politiques dans les états d’Afrique Centrale

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Intervenants

  • Abel Kouvouama, professeur des universités émérite de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour

accompagné de

  • Tiphaine Duriez, maîtresse de conférence à l’Université Lyon II/LADEC
  • Dejan Dimitrijevic, professeur des universités en anthropologie
  • Laurie Braisaz, chargée de recherches et d’éducation à la Maison d’Izieu.

 

 

 

Webinaire

Vendredi 18 octobre 2024 • Séance inaugurale

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Intervenants 

  • Tiphaine Duriez, maîtresse de conférence à l’Université Lyon II/LADEC
  • Alexandre Nugues-Bourchat, directeur de la Maison d’Izieu,
  • Laurie Braisaz, chargée de recherches et d’éducation à la Maison d’Izieu

Webinaire

Projet global

Regards interdisciplinaires sur les crimes de masse – Anthropologie, Droit et Histoire

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Massacre, crime de guerre, crime contre l’humanité, génocide… autant de termes qui sont devenus objets du droit après la Seconde Guerre mondiale. La césure historique qu’a constitué cet événement est notamment signifiée par deux rejets fondamentaux : 1) la disqualification définitive de la raciologie et du classement hiérarchique des groupes humains, 2) la condamnation universelle de l’entreprise coloniale.

Ces nouveaux objets du droit ont principalement été formés sur la base des décisions judiciaires des procès des crimes de masse commis par l’Allemagne nazie. Ces instructions créent un nouveau cadre juridique, qui se donne pour ambition d’ouvrir une ère où l’élaboration de différentes convention et traités sont sensés contribuer à la domestication et à la maîtrise de la violence pour qu’elle ne devienne pas extrême. Néanmoins les grandes puissances se sont souvent abstenues de les ratifier afin de ne pas en subir les conséquences.

Depuis lors, les définitions données à ces qualifications juridiques sont en constante évolution. Les conflits et rapports de force contemporains nécessitent d’être pris en compte. Ces situations nouvelles impactent non seulement la perception des violences contemporaines mais elles contribuent aussi à reconsidérer celles du passé, remodelant ainsi les catégories. Certaines violences jugées désormais « extrêmes » sont mises hors la loi et comme telles, durement sanctionnables.

Qu’est-ce que le LADEC ?

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Le LADEC est la seule Unité de Recherche en anthropologie en Auvergne-Rhône-Alpes. Les recherches s’organisent autour de 2 pôles :

  •  « Mondes défaits/Mondes refaits » qui traite des situations de violences, de menaces et de transition incertaines, mais également aux processus de reconstruction, de production de savoirs et d’utopies.
  • « Natures incertaines, frontières du vivant » qui étudie les rapports des humains à leur environnement ou à la santé.

Ce séminaire s’inscrit dans les recherches du premier pôle. Il est né d’interrogations et problématiques issues des échanges entre le LADEC et la Maison d’Izieu.